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Nous du Collège n°292, février 2020
2019-2020, quelle année !
Charbel Batour, S.J.
Recteur
2019-2020 n’a rien d’une année scolaire ordinaire. Perturbations, insécurités, instabilités et inquiétudes ont jalonné notre chemin jusqu’au mois de février, et l’horizon, quelque part, demeure incertain.
Au cours de cette année, la date du 17 octobre 2019 est devenue emblématique, une date qui constitue un événement historique dans la vie de notre pays. Soulèvement dans les rues, fermeture d’axes routiers principaux, contestation populaire traversant le Liban du nord au sud, revendication sociale et économique sans précédent, appels à un changement politique radical et général. Après le 17 octobre, le Liban n’est plus comme avant. Le Collège, comme la majorité des institutions scolaires, a été pris dans la tourmente : fermeture de plusieurs jours, insécurité routière, souci de la poursuite des programmes, instabilité psychologique, etc. En résumé, les conditions nécessaires à un minimum de vie scolaire n’étaient pas au rendez-vous.
Beaucoup de nos élèves, de parents et de professeurs se sont sentis tenus de faire partie de ce mouvement. Comme tout Libanais, ils ont aspiré à un changement réel et radical dans la vie économique, sociale et politique du pays du cèdre. Ils se sont trouvés dans les rues pour contester, pour revendiquer, pour aider, pour défendre, et même pour nettoyer. Par contre, d’autres sont restés davantage sur leur réserve. Ils regardaient avec soupçon l’absence de leadership du mouvement, le blocage des routes, la paralysie de la vie économique et le discours irréaliste sur l’abolition du confessionnalisme, etc. D’autres encore étaient farouchement opposés à tout ce qui se passait. Ils voyaient d’un mauvais œil ce mouvement. Ils étaient convaincus qu’un complot se tramait contre le pays et ses institutions et que des forces étrangères finançaient ce mouvement pour des raisons qui n’ont en fait rien à voir avec les intérêts véritables de notre pays.