Nous du Collège n°271, juillet 2009

« Je suis le pèlerin d'aujourd'hui, peu importe où je vais »
Éditorial du Nous du Collège n°271, juillet 2009

Salim Daccache, s.j.
Recteur

 

Nous 271

La métaphore du pèlerin
Cette phrase, tirée de l'autobiographie de Saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, m'a toujours attiré, interrogé. Aujourd'hui plus qu'hier, sans doute demain plus qu'aujourd'hui. Mon expérience des années passées, je la qualifie volontiers par cette métaphore de pèlerin, dans la multitude de ses significations, loin d'être évidemment un idéal. Un pèlerin, en fin de voyage, est quelqu'un qui refait dans sa tête l'histoire de sa vie, dans ses réalités les plus heureuses comme les plus sombres.

Se confronter à soi-même
Être pèlerin, c'est être un homme qui avance vers une terre étrangère ; c'est perdre le contact avec les supports habituels de l'existence qu'on avait réussi à construire, dans la patience de tous les jours. Être pèlerin, c'est aller loin pour vivre dans un lieu différent des autres, un lieu saint où l'on se confronte à soi-même plutôt qu'à l'autre.

Il y a vingt ans, il a suffi d'une lettre d'un supérieur (en contradiction avec la précédente qui m'envoyait sur une terre plus accueillante) pour que j'atterrisse sur une terre bien étrangère, même si cette terre était la nôtre, celle de la Compagnie de Jésus, celle d'une mission éducative depuis plus d'un siècle, dans un Collège qui s'appelle Notre-Dame de Jamhour. Pour nombre des jeunes jésuites que nous étions, cette terre n'était pas la destination favorite.

Le pèlerin de l'aujourd'hui
Et voici que le pèlerin est devenu assez rapidement celui de l'aujourd'hui. Vivre l'aujourd'hui, c'est être présent, parfois jusque dans les détails ; c'est vivre son sacerdoce et sa vocation jésuite, dans l'esprit de service de toutes et de tous ; c'est vivre un poste à caractère mondain comme un ministère. Vivre comme pèlerin dans l'aujourd'hui, c'est oser se remettre en question, puiser de son cœur et de son corps des gerbes d'énergie pour aider les uns, sans oublier les autres.

L'horizon du pèlerin est constitué de cet enfant et de ce jeune, de ces élèves qu'il s'agit de mener à la réussite de leur vie, chaque année scolaire, jusqu'en Terminale. Ils sont en quelque sorte pareils à une tour qu'il faut atteindre, dans leurs difficultés et leurs désirs. Il faut aller chez eux, là où ils sont, sans se contenter de les attendre d'une manière passive, comme le pacha qui attend ses ouailles.

L'âme du pèlerin, qui recherche toujours plus et toujours mieux, ne peut se satisfaire dans un espace humain et social où il s'agit de s'adapter rapidement, de comprendre les enjeux et les hommes, d'assumer des décisions difficiles à prendre, de gérer des conflits et des problèmes. Pèlerin de l'aujourd'hui, il m'a fallu m'engager dans les chemins où l'on apprend de l'autre et des plus anciens la profession d'éducateur et la grandeur de ce métier. Je garde dans ma mémoire cette phrase prononcée par un éducateur, lors d'un dîner de fête de l'Enseignant : « personne ne naît enseignant, mais il y a eu un jour où ce fut un choix libre ; soyons à la hauteur de cette élection ».

Être pèlerin de l'aujourd'hui, c'est s'engager dans le quotidien pour lui donner sa pleine valeur et faire en sorte que toutes ces générations, sur les bancs de l'école, grandissent et s'épanouissent, en donnant un sens à leur vie scolaire. C'est œuvrer pour que cette vie devienne engagement éclairé, pour que ces jeunes aiment leur Collège au point que leur relation avec lui devienne un sentiment d'appartenance, même si le mot collège rime avec règlement et discipline.

Le pèlerin qui veut le plus grand bien de sa communauté scolaire,  devra, comme s'il visitait un lieu saint avec amour, être à l'écoute de ce qu'il rencontre au quotidien, aimer ce qu'il fait, espérer et espérer encore que ce qu'il vit et la mission pour laquelle il se donne valent la peine d'être vécus, sans retour.

La passion, une qualité essentielle
Un pèlerin ne ferait jamais des milliers de kilomètres pour visiter un lieu saint, s'il n'était pas passionné. Je vous avoue que c'est lorsque j'ai senti qu'il y avait à faire que ma passion a redoublé. La passion fait naître des synergies et constitue une communauté d'acteurs ayant les mêmes visées. Voici le maître mot : en se passionnant pour ce que l'on fait, on communique cette passion aux autres, qui à leur tour, deviennent des passionnés. Une communauté d'éducateurs est avant tout une communauté de passionnés.

La passion, mélange d'amour et de souffrance, est, par excellence, la qualité de celui qui a choisi de cheminer en éducation. Pourtant, au début du chemin, j'envisageais la route comme un fardeau, mais le contact avec les jeunes et la communauté éducative ont transformé mon regard. Les parents qui recherchent le mieux pour leurs enfants stimulent votre énergie ; ils vous poussent à aller plus loin et à constater le caractère sacré de l'éducation. Je confesse qu'au fil des années, être serviteur de l'éducation s'est révélé, au même titre qu'un pèlerin, par une sorte d'excès qui procure la joie au cœur, une forme d'addiction que je devais quelque part maîtriser.

Éduquer, c'est se maîtriser et s'éduquer
J'ai appris que le verbe éduquer ne pouvait se conjuguer sans le verbe se maîtriser et s'éduquer. Ceci permet de mieux voir, de mieux écouter, d'éviter l'arbitraire, les jugements hâtifs, les soupçons mal placés... Saint Ignace nous dit, lui le pèlerin marqué par l'instabilité, que la confiance intelligente en l'autre, en sa parole, est une qualité principale pour la construction d'une vraie communauté humaine et spirituelle. Au cours de la visite du pèlerin à un lieu saint, il y a un moment de vérité et de confession générale des fautes : comment alors ne pas demander le pardon pour toute blessure, incompréhension ou manque de charité ?

L'écoute
Arrivé au lieu saint, le pèlerin parle à son bien-aimé, entend les paroles de son maître et écoute surtout son message. J'ose dire qu'une relation éducative ne peut vraiment avoir lieu et se développer s'il n'y a pas de parole vraie qui se dit et s'il n'y a pas une oreille qui écoute et qui saisit.

Que dire alors des relations entre éducateurs ? Un effort spirituel et pratique est indispensable au développement de cette relation ; tout n'est pas matérialisme - quoique la matière soit essentielle dans notre structure humaine - et les valeurs morales et spirituelles sont ainsi au cœur de toute éducation.

Travailler sur soi-même : une grâce
Le pèlerin est celui qui a accepté de relever un défi, le défi de progresser et de croître, d'attendre la grâce et la nouveauté du jour. Le pèlerin est celui qui accueille la grâce de travailler sur soi-même, comme l'enseignant en formation continue, pour pouvoir aider chaque jeune à travailler sur lui-même, à se découvrir, à repérer ses potentialités les plus cachées dans la patience et l'acceptation de soi-même.

Dans sa démarche, le pèlerin est quelqu'un qui exige de lui-même de ne pas se figer sur la route, il lui faut avancer sans se perdre ; autrement dit, il ne doit pas être prisonnier de ses préjugés qui peuvent parfois être cause de perte.

Le pèlerin : un témoin
Ainsi, le pèlerin est un témoin de ce qu'il a vécu, senti et vu. En témoin, j'ai vécu des moments de désolation, des disparitions inattendues et soudaines de jeunes élèves ou d'amis de la communauté enseignante, l'échec scolaire et le désespoir des parents, des conflits et des émulations irréfléchies pouvant détruire les personnes et parfois même menacer un Collège prisonnier de sa propre image...

Mais combien plus d'heures de consolation ai-je vécues, des élèves vivant le temps scolaire comme une bénédiction et non comme un fardeau, des anciens élèves maîtres d'eux-mêmes et saisissant la vie comme une vocation, un Collège qui se construit humainement et matériellement grâce à l'effort des équipes mises en place au service de tous.

Combien de fois ai-je senti que la responsabilité n'incombait pas uniquement au recteur, aux préfets ou aux jésuites, mais qu'elle était assumée par plusieurs, en professionnels, avec courage et abnégation. Combien de fois ai-je ressenti que le courant passait entre nous, au détour d'une phrase ou d'une anecdote, et que le magis, le mieux, l'excellence, était recherché, car Jamhour ne pouvait que donner une belle image de lui-même, la vraie !

Combien de fois ai-je pris conscience que ce Collège, malgré les différentes appréciations politiques, ne pouvait trahir sa vocation nationale, et qu'il se devait de construire le citoyen libanais de demain, de le former à la convivialité, au sens social, à la vie en commun, au respect de chacun mais en même temps dans la foi en Dieu et en la Parole de Jésus-Christ. Oui, notre Collège a le sens de la fête, de la joie à répandre et de la consolation à communiquer aux cœurs meurtris par l'injustice.

Le pèlerin : un veilleur
Avec le temps, le pèlerin de l'aujourd'hui devient un veilleur de la mission, une mission pareille à une personne chérie qu'il faut protéger... Le pèlerin en a le souci jusqu'à l'angoisse discrète, sachant, en même temps que la Providence veille à travers son regard, sa prière et ses inquiétudes. Reste le souhait que lorsque « l'ombre s'étend sur terre, vois tes enfants.... », c'est Notre-Dame de Jamhour, par la chaîne d'autres responsables en mission, qui continue la veille et continue à donner la bonne Parole.

Je suis venu le temps d'une visite, d'un pèlerinage, pour vivre dans l'aujourd'hui, pour lui et de lui. Dans les difficultés du voyage, c'est la joie d'avoir été éducateur avec vous, éducateurs et élèves, que je retiens et saisis ; « je ne sais où je vais », mais cette joie me guidera dans d'autres stations.

 

Fête du Collège 2009 : La colline couronnée (Samedi 30 et dimanche 31 mai 2009)

Elle n'avait pas eu lieu depuis 2006. Elle fut donc doublement accueillie par les milliers de visiteurs, venus, le temps d'un week-end, célébrer avec Jamhour sa Fête du Collège, version 2009.
Coordinatrice générale de la fête, Violette Ghorra et la commission d'organisation dont elle a la charge, avaient, dès le mois de janvier, travaillé sans relâche et avec beaucoup de dévouement pour que la fête soit une réussite. Et elle le fut, comme en témoignent les nombreux échos.

« La Colline couronnée » ! Un thème assez énigmatique pour une fête de Collège. Et pourtant, ce titre évocateur a été choisi en l'honneur de l'église Notre-Dame de Jamhour, qui fête cette année ses 40 ans d'existence. Pour marquer l'événement, deux manifestations, et pas des moindres, ont célébré cet anniversaire. L'exposition « Construction de l'Église » a été inaugurée au Centre Sportif, Galerie du Patrimoine - Espace Béchara Nehmé, le samedi, à 15h. On comprendra aisément la beauté d'une telle exposition, signée Marie-Lys Abi-Hachem et P. Alex Bassili. À contempler ces photos inédites, prises par les pères Clément et Bitar, le spectateur retrouve les différentes étapes de la construction de l'église Notre-Dame de Jamhour. Projeté 40 ans en arrière, il réalise soudain le dur labeur, les efforts et les exploits qui furent accomplis...

C'est incontestablement la kermesse organisée par le CAS qui a attiré le plus grand nombre d'enfants et d'adultes. Centre d'attraction de la fête, cette kermesse a présenté pas moins de 25 stands de jeux, préparés par le staff du CAS. On attribue leur succès à l'ingéniosité d'une Aïda Aoun qui s'est surpassée, pour divertir, amuser, étonner et enchanter ceux qui ont voulu s'essayer aux jeux d'adresse, de réflexion, etc.

On ne le répètera jamais assez, les bénéfices réalisés au cours de ce week-end permettent au CAS de réaliser son double projet de l'été, le Centre aéré qui accueille des enfants défavorisés et la restauration d'un bâtiment d'utilité reconnue. L'équipe entière du CAS, dirigée par une Rita Baroud des plus entreprenantes, se mobilise des semaines à l'avance, pour que la kermesse soit une réussite. Il n'est pas facile d'imaginer la quantité de travail et d'organisation qu'un tel événement nécessite. Il suffit de penser, par exemple, aux nombreux lots qu'il faut prévoir, pour récompenser les gagnants. Une tâche qui incombe au duo Aïda Aoun et Nada Turk, qui effectue sa tournée-croisade auprès des commerçants, avec un sens du marchandage poussé à l'extrême.

C'est au cours de ce week-end que se sont respectivement déroulées les deux fêtes de clôture des activités de l'ESA (sportives et artistiques). Samedi, les activités sportives étaient à l'honneur. Sous le regard admiratif du public, les jeunes de l'ESA se sont donnés en spectacle, exécutant avec brio, dans la Salle omnisports, acrobaties, triples sauts, simulacre de combat, etc.
Dimanche, les activités artistiques ont pris le relais. La fête de clôture a eu lieu en Salle d'académie, sous forme d'une petite représentation, mettant en valeur les nombreux talents des élèves.

D'autres sportifs ont également fait valoir leurs compétences au cours de ce week-end. Alors que la fête battait son plein sur le terrain d'hébertisme, le Championnat du Collège se déroulait sur le stade, sous les encouragements d'une Alice Keyrouz, plus exigeante que jamais, et des professeurs d'EPS.

Ainsi, il y en avait pour tous les goûts. De l'artistique, du sportif, et même du gourmand...
Cette dernière catégorie, grâce à Dina Bazergi et Carla Zoghzoghi, aidées par Mmes Maya Hafez, Wadad Araygi et de nombreuses mamans volontaires à avoir pris en charge le stand « fait maison », a permis aux visiteurs de se régaler les deux jours durant.

Le stand « fait maison » a été plus que généreusement alimenté tout au long de la fête, grâce à la largesse de ces mamans, qui ont fait preuve de goût (au sens propre et au sens figuré) et d'ingéniosité. C'était si bon et si alléchant que tout a été vendu.

Samedi soir, le concours de karaoké, organisé par le CAS, a permis à certains de s'imaginer en vedettes de la chanson. Et c'est dans cette ambiance bon enfant que s'achevait le premier jour de la fête.

Dimanche, le recteur a célébré la messe de la Pentecôte dans une église comble. Une chorale mixte, éducateurs et élèves de 2de, a accompagné l'Eucharistie.

C'est le P. Denis Meyer qui a préparé la cérémonie avec sa fougue et son enthousiasme habituels. Pour y avoir assisté, je retiendrais de cette magnifique messe la joie de vivre et d'accueillir l'Esprit Saint. Dans son homélie d'ailleurs, le recteur a laissé éclater sa joie de partager, avec la communauté scolaire et éducative et la Grande famille de Jamhour, la fête de la Pentecôte et le jubilé de l'église.

Dimanche soir, à 18h30, la foule a afflué en direction du stade, pour assister au spectacle de clôture, « Pleine de grâce ». Quelques minutes avant, Violette Ghorra procédait au tirage au sort du gagnant du 1er lot de la tombola. Cette année, la chance devait sourire à une ancienne élève du Collège. Se saisissant ensuite de son micro, Mme Ghorra a expliqué aux spectateurs que le spectacle de clôture était intitulé « Pleine de grâce » en l'honneur de Notre-Dame de Jamhour.

Était-ce la chorégraphie ? La prestation des danseurs ou les voix des choristes ? La mise en scène ou le décor ? Le spectacle était MAGNIFIQUE ! Au moment du chant final, « Ya syyédat Jamhourna, Ya ssayyédat Lebnan » spécialement composé à cette occasion, les spectateurs se sont levés, à l'unisson, dans un même mouvement, en effectuant les gestes que faisaient sur scène les jeunes artistes.

Un tonnerre d'applaudissements a retenti, traduisant l'enthousiasme et l'émerveillement du public. Quant au recteur, il ne savait plus à qui exprimer ses remerciements, et son bonheur faisait plaisir à voir.

Oui, grâce à toutes les personnes volontaires, grâce à la commission d'organisation, aux services de l'Intendance et du transport, aux artistes, aux sportifs et grâce surtout aux visiteurs, la Fête du Collège version 2009 a été des plus réussies !

Néda Jamhouri, BCP

Fête du Collège Saint-Grégoire

Le Collège Saint-Grégoire a organisé une superbe kermesse, le samedi 16 mai 2009. Le décor, majestueux, mettait en évidence des stands intéressants, sans oublier la cafète et la grotte d'Ali Baba où se trouvaient des plats dignes des rois.
Des surprises nous attendaient : jeux gonflables pour les petits et jeu de rodéo pour les grands. Des lots intéressants ont été gagnés et plein de souvenirs vendus.
Monsieur Mike avait pris soin de la musique qui rythmait la fête, et préparé plusieurs concours de danse comme la tectonique, le break-dance, etc. Le face painting a eu beaucoup de succès avec Mme Carla ; même moi, jeune garçon de 13 ans, j'ai eu droit à de la peinture sur le bras !
Que de sourires pendant cette fête tellement animée !
Beaucoup de photos ont été prises. Un délicieux menu était affiché sur le mur de la cafète, pleine de gens, où les gourmands se montraient impatients de déguster les bonnes choses proposées. Personnellement, j'ai adoré la fontaine de chocolat et la gaufre chaude : une gaufre couverte de chocolat fondant, de crème et surmontée d'une fraise. Enfin, une tombola a clôturé cette belle journée, et les chanceux ont gagné des lots de valeur.
L'année prochaine, quelle surprise nous préparera le Collège Saint-Grégoire ?

Alex Sassine 5e2 CSG

La 3e édition de la rencontre « Ensemble autour de Marie, Notre Dame »

Pour la 3e édition de la rencontre « Ensemble autour de Marie, Notre Dame »
Un cadeau royal : le 25 mars consacré fête nationale islamo-chrétienne
Mercredi 25 mars 2009, 18h - Église du Collège

[Album photos]

Cette année, l'événement a revêtu un caractère officiel : SE Dr Ibrahim Shamseddine représentait le Président de la République, SEM. Yassine Jaber le Président de la Chambre et SEM. Khaled Kabbani le Président du Conseil. Et pour cause : la journée a été décrétée par le Conseil des Ministres journée nationale islamo-chrétienne.

À peine trois ans après son lancement, le projet a pris une envergure nationale et va bientôt dépasser les frontières de  notre pays. Le « Journal de la Paix », paraissant à Paris, l'a d'ailleurs évoqué en ces termes :

Au Liban, des chrétiens et des musulmans se retrouvent chaque année pour célébrer ensemble la fête de l'Annonciation. Cette rencontre interreligieuse avait cette année une saveur particulière : elle témoignait de la transformation de ce rendez-vous annuel en fête nationale islamo-chrétienne par décision unanime du Conseil des ministres libanais réuni le 13 mars 2009. La consécration de cette fête mariale représente l'aboutissement de trois années de travail d'un groupe toujours grandissant de chrétiens et de musulmans, ayant vu le jour à l'initiative de l'Amicale des Anciens Élèves de Jamhour, connu du grand public pour leur rencontre interreligieuse « Ensemble autour de Marie, Notre-Dame ». Cette rencontre est organisée chaque 25 mars au Collège Notre-Dame de Jamhour des Pères jésuites à l'est de Beyrouth.

Cette année, l'événement a rassemblé plus d'une cinquantaine d'associations, d'organismes et de mouvements chrétiens et musulmans. De nombreux participants avouent qu'ils en sortent bouleversés, et totalement conquis par l'idée et l'expérience d'une cérémonie islamo-chrétienne riche en émotion spirituelle. Loin de tout syncrétisme, les participants y prient chacun à sa manière, avec ses convictions et dans le respect et l'amour de l'autre. Une même langue de prière les unit : l'arabe, langue du Coran, mais aussi de l'Évangile pour la majorité des chrétiens du Liban. Et une même dévotion pour Marie les rassemble. D'ailleurs, le récit de l'Annonciation se retrouve dans le Coran, au verset 16-22 de la sourate 19 « Mariam » ainsi qu'aux versets 41-46 de la sourate 3 « Al-Imran ».

Nagy Khoury, principal organisateur de la cérémonie, a annoncé que la prochaine célébration se fera à la Place du Musée, jadis symbole de la division de Beyrouth entre quartier chrétien et quartier musulman. Un jardin offert par la Mairie de Beyrouth y sera aménagé portant l'emblème et traduisant l'esprit de cette dévotion commune : la rencontre islamo-chrétienne autour de Marie. On y trouve l'écho des paroles de Jean Paul II : « Le Liban est plus qu'un pays, c'est un message », un message de dialogue et de paix dans un Moyen-Orient déchiré.

Contacts aux plus hauts niveaux de l'État

Afin de donner à l'événement une portée nationale, des contacts ont été établis par la commission d'organisation et les responsables :

- Jeudi 26 février : réunion de M. Nagy Khoury avec SEM. Ziyad Baroud, ministre de l'Intérieur, pour étudier la possibilité de fonder une association qui fédèrerait les efforts de tous les organismes de dialogue islamo-chrétien qui trouvent dans la Sainte Vierge une mère qui rassemble et unit.

- Mardi 10 mars : réunion avec le Président de la Municipalité de Beyrouth qui a accordé à la commission une parcelle de terre sur la Place du Musée National pour en faire un monument et un jardin de rencontre autour de Marie.

Les médias ont suivi l'événement de près

En plus de la diffusion en direct de l'événement du 25 mars, Télé Lumière a interviewé le Secrétaire Général avant et après l'événement, assurant ainsi une couverture conséquente. Par ailleurs, le P. Joseph Mouannès a consacré à cette rencontre, le jour même, une importante émission diffusée sur les écrans de Télé Liban. Quant à Radio Liban, sa contribution a été apportée à travers l'émission de Liliane Andraos qui a interviewé, elle aussi, M. Khoury. Ceci sans parler de l'importante couverture dans la presse locale francophone et arabophone. Des articles ont même paru en France dans Le Figaro, La Croix et Le Journal de la paix.

 

Les invités de Saint-Grégoire : L'Invité aux noces

[Album photos]

"Il était une fois Azur, blond aux yeux bleus, fils de châtelain, et Asmar, brun aux yeux noirs, fils de la nourrice qui élevait les deux garçons comme des frères, dans un pays vert et fleuri. La vie les sépare brutalement. Mais Azur n'oublie pas les compagnons de son enfance ni les histoires de fées de sa nourrice, au pays du soleil. Devenu grand, il rejoint le pays de ses rêves, à la recherche de la fée des Djinns. Il y retrouve Asmar, lui aussi déterminé à trouver et gagner la fée, bravant tous les dangers et les sortilèges d'un univers de merveilles."

Voilà ce que dit le synopsis !

Et, à partir de là, l'aventure démarre timidement, puis, plus rapidement et enfin, à grands coups d'accélérateur. La classe de 8e du Collège Saint-Grégoire ne sait pas encore qu'un rendez-vous est déjà pris deux ans plus tard.

En décembre 2006, c'est Najwa Nseir, enseignante de français, qui, en faisant la lecture à ses élèves, réalise combien grande est leur curiosité : ils ne lâcheront pas tant que l'histoire n'est pas terminée. Et pourtant, elle en avait lu, des contes et des histoires, mais celle-ci avait quelque chose de particulier...

À la sortie du film Azur et Asmar à Beyrouth, en décembre 2006, Mme Nseir recommande à ses élèves d'aller voir le film. À la rentrée de janvier 2007, elle leur propose d'imaginer une suite possible, sans savoir qu'elle vient de poser les fondements d'un si grand projet. Au printemps de la même année, la rédaction est prête et distribuée aux élèves de la classe.

Tout aurait pu s'arrêter là !

Poussée par je ne sais quelle intuition, l'enseignante s'accroche, animée par sa passion pour Azur et Asmar, une passion qu'elle a fortement communiquée à sa classe. Elle prend contact avec l'auteur, sans trop y croire. « Je n'ai jamais pensé que ce simple geste prendrait un jour une telle ampleur » dira-t-elle plus tard.

Pour ceux qui ne connaissent pas la suite, elle prend un virage inconnu, à un rythme en crescendo. La correspondance donne suite à une rencontre entre l'auteur et Mme Nseir, à un échange de documents, à la suite d'Azur et Asmar, telle que proposée par les élèves.
Qu'un réalisateur du calibre de Michel Ocelot produise avec Christophe Rossignon une proposition venant d'élèves d'un collège du Liban, ça semble dépasser l'imagination.

Avec un binôme d'une telle envergure, tous les ingrédients du succès sont assemblés !

Il est difficile à présent de s'arrêter.

Lorsque l'auteur dévoile son travail à partir du texte écrit par des élèves de Saint-Grégoire, ces derniers ont déjà une longueur d'avance puisqu'ils s'entraînent à l'adaptation théâtrale.

La troupe est formée. Sous la houlette de Lamia el Khatib (enseignante de théâtre au Collège),   les équipes de travail s'acharnent... Les élèves expriment le désir de jouer leur suite, ils réalisent ce souhait dans le cadre du cours « Théâtre et langue ». Un vrai labeur de fourmi.

Les élèves de 8e sont à présent de jeunes adolescents en classe de 6e. Le projet, dans ses diverses étapes, ne les a pas lassés. Nada Msann, responsable du cycle primaire II, encourage plus que jamais l'équipe éducative à continuer. Francine Nayati, enseignante de français en 8e et 7e, accepte de regrouper les jeunes auteurs, le premier jour des vacances d'été, pour relire avec eux le scénario proposé, le comparer à leur texte et communiquer leurs observations à l'auteur. Grace Younès, enseignante de français en 6e, prend le relais l'année suivante. Elle travaillera les détails des textes et de leur adaptation cinématographique, en faisant le lien entre le scénariste et les élèves.

Les élèves sont heureux de la perspective qui s'annonce, ils ont certes le trac à l'idée de rendre public leur travail, mais ils sont surtout ravis de rencontrer celui qui a nourri leurs rêves depuis deux ans déjà.

 

Représentation théâtrale le lundi 27 avril 2009

... Dans les coulisses de l'auditorium

Quelques réactions :
Beaucoup de bruit        C'est sûrement le trac !     
Impose-toi !
On connaissait bien nos rôles    Ça fait depuis novembre qu'on répète
Rencontre avec Ocelot        C'est un homme simple et chaleureux

Ils s'appellent Élie, Félix, Andréa, Paméla, Antoine, Romy, Sara et bien d'autres encore. Ils ont tous la passion de Azur et Asmar dans les yeux. Je les ai rencontrés au CDI pour relater leur expérience dans le Nous du Collège. Ils ont tous parlé de respect, d'amour, de différence, de pardon.
Élie Lakkis m'a expliqué, avec beaucoup de fermeté, que c'est le regard que nous portons sur le monde qui doit changer. Élie Daaboul, lui, a travaillé avec 8 élèves sur le dessin et sa représentation.
Félix Chalhoub a abordé le thème de la rivalité dans une approche intellectuelle et humaine.
Andréa Najarian insiste sur les valeurs intérieures véhiculées par Azur et Asmar.
Romy a eu beaucoup de plaisir au niveau du dessin des décors. Elle a su, par son coup de crayon, donner une teinte nouvelle à notre perception du Maghreb.
Plus que tout, c'est la scène de transition qui a donné lieu aux plus grandes émotions, et les élèves m'ont expliqué la symbolique de ce passage : Sur les ailes de l'oiseau Seymour aux couleurs de l'arc-en-ciel, couleurs d'espoir en un renouveau, le père s'empressait de retrouver Azur et Asmar et de les serrer dans ses bras pour se faire pardonner.

Mardi 28 avril 2009

Le cadre est différent, c'est celui du Centre Culturel Français, mais les émotions sont aussi vives !
Les jeunes acteurs de la classe de 6e du CSG sont face à un auditoire moins maison. Dans les coulisses, le trac est lourd, on sait que de l'autre côté du rideau, un public exigeant attend. Il ne sera pas déçu. Au CCF, la troupe est acclamée par la foule, c'est là que les élèves seront reconnus comme co-auteurs de Azur et Asmar.

Il est un âge où l'émotion n'a pas de masque. Ils ont 11 ans, ils en avaient 9 quand ce projet a débuté : j'ai vu cette émotion en rencontrant les auteurs de l'Invité aux noces, 2e partie de Azur et Asmar.

Pour qu'un projet aboutisse et fasse plaisir, il y a forcément des personnes qui demeurent dans l'ombre, mais sans qui rien ne serait possible. Je pense particulièrement à Mme Nada Msann qui a accompagné le projet depuis sa genèse et à Mme Marie-Lys Abi Hachem qui a travaillé seule, le décor et les costumes.

Des talents et des projets, les élèves en ont tous. Antoine Chammas a eu envie d'offrir à Michel Ocelot un exemplaire de ses écrits, une légende et un roman. Les lecteurs n'attendront pas de nombreuses années pour entendre parler de cette classe du CSG.

Neyla Chidiac, BCP

 

Message de Michel Ocelot

Voici un message pour tout le monde.

La rencontre avec le Collège Saint-Grégoire a été, d'une certaine manière, une expérience frustrante, car j'aurais voulu rester plus  longtemps...

J'ai admiré toutes les enseignantes rencontrées. J'ai un élan d'estime et d'affection vers elles. Tout va bien quand de telles personnes sont en mesure d'agir. Et je remercie messieurs les Recteurs de permettre tout cela (et de s'être dérangés pour nous saluer).

Et j'ai jubilé en rencontrant une jeunesse qui pousse bien, avec laquelle j'ai désormais des liens. J'ai pris quelques photos (pas  assez !). Je scrute ces beaux visages, leur intensité, j'essaie de deviner leur caractère, leurs envies, leurs talents. Je me désole de contacts si brefs.

Les petits discours m'ont extrêmement touché (je crains que M. le Recteur ne soit en mesure de témoigner que mes yeux n'étaient pas toujours secs...) et j'ai été charmé par la superbe représentation, qui s'est déroulée sans une faute. Je mesure bien la quantité de travail et de passion derrière cette réussite. Mise en scène, décors, costumes, trouvailles, interprétation, ont transmis encore beaucoup d'émotion et de sentiment.

Nous avons tous là réussi quelque chose, outre le spectacle, sur scène et sur écran, une harmonie humaine par-dessus des distances de toutes sortes.

Merci pour ces beaux moments, qui vont continuer à nous faire du bien.

Bonne chance aux collèges de Saint-Grégoire et de Notre-Dame de Jamhour, et au Liban, qui contient tant de personnes remarquables et aimables.

Michel Ocelot

Message des élèves de 6e

Remerciements

À une équipe de cœur

Nous, élèves de 6e au Collège Saint-Grégoire, sommes très touchés par la bonne action que vous avez faite, en acceptant de réaliser la suite d'Azur et Asmar, une suite que nous avons rédigée avec le cœur au bout des doigts.

Les mots semblent encore une fois trahir nos vrais sentiments envers vous, mais avec les dessins que nous vous envoyons de tout cœur, nous les employons, quand même, pour vous dire :

« Merci, mille fois merci » pour votre précieuse collaboration.

Élèves de 6e, Collège Saint-Grégoire

Quand les élèves en parlent...

Je pense à l'amour, au pardon et au respect - Paméla Habib 6e1

« Azur et Asmar » est une expérience inoubliable - Anthony Semaan 6e1

J'ai ressenti une fierté immense, car la suite qu'on a écrite en 8e2 s'est popularisée à travers la France et le Liban et car Michel Ocelot est venu au Liban seulement pour « Azur et Asmar ». - Sabine Merheb 6e1

« Azur et Asmar » me rappelle le conte des Mille et une nuits - Karl Srour 6e1

Je pense à deux hommes qui sont amis malgré leurs différences : couleur, religion, nationalité... - Rudy Homsy 6e1

Pour moi, « Azur et Asmar » est une histoire pleine de respect, d'amour, de pardon et même d'aventures. - Reem Traboulsy 6e1

 

Extraits du témoignage de Najwa Nseir

[...] Je me souviens très bien du  jour où je lisais aux élèves « Azur et Asmar ». Je n'ai pas pu terminer la lecture du livre parce que la cloche avait sonné. Pour la première fois, les élèves n'ont pas voulu sortir à la récréation, ils me disaient : « continue, continue, on reste jusqu'à la fin ! »

Qu'est-ce qui a bien pu intéresser ces enfants ? Qu'est-ce qui les a si bien attirés ? Est-ce la soif de relire de nouvelles histoires de fées ? Est-ce parce que ça leur parle, puisqu'eux aussi connaissent deux langues, donc deux cultures ? Est-ce parce que l'injustice les touche ? Nous pouvons dire tout simplement que M. Ocelot, par sa finesse et sa connaissance subtile de la personne humaine a su rejoindre aussi bien les enfants que les adultes. Les illustrations sont venues ajouter à ce monde féerique beaucoup de charme, de rêve et d'évasion. À regarder les yeux des enfants, admirer les pages et les couleurs, on comprend bien qu'ils sont déjà prêts à aller plus loin après cette première approche.

[...] Dans le cadre d'un projet d'écriture, je propose aux élèves d'imaginer une suite à ce conte et à ce film. L'idée leur plaît beaucoup. Ce travail est réalisé en classe, sous forme de travail de groupes. Chaque groupe se charge d'écrire un chapitre. Le travail d'écriture terminé, les corrections sont faites, ils travaillent les transitions entre les chapitres, ils ajoutent les titres. Quelques élèves se chargent de saisir les textes, d'autres s'occupent de l'illustration et de la couverture. En mars 2007, le travail est déjà prêt et chaque élève a eu sa copie, son livret.

J'ai voulu à tout prix faire part du résultat de ce long et fructueux travail à celui qui les a tellement influencés et motivés, à M. Ocelot, lui-même.

[...]

Le 13 juin 2007, il leur envoie un livre CD et des affiches dédicacées de Azur et Asmar. Il disait : « Je relis avec délices votre suite, que d'attention à mon conte, et d'idées, de trouvailles et de sentiments émouvants »

[...] En juin 2008, M. Ocelot m'envoie un mail, m'annonçant qu'il a pu enfin réaliser le scénarimage de la suite, et ceci grâce à la générosité de tous les comédiens, du compositeur et même du producteur ! [...] Je lui rends visite à Paris et fais sa connaissance. J'ai eu la chance de visualiser le travail sur son ordinateur. J'en étais émue jusqu'aux larmes !!! C'est l'idée du pardon dans un pays voué à la violence qui retiendra le plus l'attention de notre auteur, et le touchera profondément, il ajoutera : « sans les élèves, je n'aurais jamais osé dessiner le châtelain hautain étreignant finalement Asmar ». Le scénarimage sortira, en CD, en octobre 2008.

[...]

Merci à ces élèves, ils sont  capables du meilleur, ils méritent toutes nos félicitations !

Cette aventure indélébile, ils la raconteront un jour à leurs enfants.

Najwa Nseir

 

Rencontre des délégués (4e à Te) avec le Père Provincial (Mardi 24 mars 2009)

[Album photos]

Au cours de sa visite au Collège (du 16 au 26 mars), le père Victor Assouad, Provincial de la Compagnie de Jésus au Proche-Orient, a rencontré les délégués des classes de 4e à Terminale.

Le père provincial a répondu aux nombreuses questions et interrogations que lui posaient les élèves soucieux de leur identité chrétienne, de l'éducation ignatienne et de leur avenir.

Patrick Birbarah (1re) a ouvert le bal en s'exprimant au nom de ses camarades.

« Révérend Père Provincial,
Je voudrais d'abord vous souhaiter la bienvenue au nom de mes camarades et vous dire combien nous sommes heureux et honorés de vous recevoir dans notre Collège.

Nous savons que vous y étiez père spirituel pendant plusieurs années et que vous y avez accompli plusieurs projets. Nous aimerions que vous nous fassiez part de cette expérience.

Nous attendons surtout de vous quelque parole inspirante et encourageante qui pourrait nous éclairer dans notre vie scolaire et notre cheminement personnel.

-Nous constatons que nous sommes devenus de plus en plus dépendants des notes et des évaluations. Comment faire pour nous débarrasser de ce stress permanent qui réduit nos préoccupations à de simples résultats ?

- De plus, en ces jours où la concurrence ne fait qu'augmenter, où l'on constate que le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres, comment préserver notre identité chrétienne sans chercher à écraser l'autre ?

- Nous étudions trop souvent par crainte de l'échec et nous avons perdu toute motivation de découvrir ce que nous ignorons. Vivons-nous vraiment de la pédagogie que l'on appelle ignatienne ?

Je vous remercie de bien vouloir répondre à nos interrogations et vous souhaite, cher P. Victor, encore une fois, la bienvenue ! »