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Nous du Collège (n°283 - juillet 2015)
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Trois petits tours
Ainsi font, font, font, trois petits tours et puis s’en vont.
Il vous est bon que je m’en aille (cf. Jean 16,7)
C’est dit, je m’en vais, et c’est bien :
- Les dérives, même légères, écartent à la longue considérablement du meilleur chemin. Par exemple, j’ai de l’indulgence ; accepter trop de recours sape l’autorité des professeurs et donne des classes hétérogènes.
- À la longue aussi, pointe la tentation du despote éclairé. Faites comme cela, ayez confiance, je sais ce qui est bon pour vous.
- Place aux jeunes. Mon départ libérera de l’espace pour de nouvelles réformes, et les talents de mon successeur, le P. Charbel Batour, pourront mieux s’exprimer.
Le coureur de relais
Pour exprimer mes sentiments, j’utiliserai la parabole du coureur de relais. Il a mis toute son énergie dans son tour de piste. Il passe le témoin à son successeur, il s’effondre pour reprendre souffle, mais bien vite se redresse, suit la course avec passion. Dans la tête, dans le cœur, chaque instant de sa propre course, mais aussi l’empathie solidaire avec les coéquipiers qui portent le témoin.
Mon tour de piste, je n’en rougis pas, toute modestie mise à part. J’ai été créatif, et je suis fier d’avoir commencé par rénover les toilettes des élèves, développé le réseau souhaité de longue date par la Province, et passé l’accord avec les Franciscaines pour l’admission en Petit Jardin. Dans les souvenirs plus sombres, l’impossibilité d’admettre désormais tous les enfants d’anciens.
Je pars au Caire pour un autre relais, comme assistant du recteur, ma position favorite.
À vous
Le difficile dans mon départ : vous quitter, élèves et toute la communauté éducative. Au fil des ans nous avons tissé des relations personnelles. Vos visages, vos expressions me sont familiers. Un premier degré d’amitié est né, que le départ assombrit. Mais l’amitié se joue des distances.
J’ai le cœur empli de gratitude. Mes remerciements vont à chacun d’entre vous, professeurs, AP, membres de l’administration, du personnel, avec qui nous avons tant travaillé, et à mes compagnons jésuites associés dans la responsabilité de diriger le Collège. Au nom du P. Charbel à qui je souhaite un bon tour de piste, laissez-moi ajouter ceux des deux assistantes qui m’ont si bien supporté : Ramza Diab, la fidèle Ramza mémoire vivante du Collège et ferme rempart du recteur, Najat Sayegh, l’indispensable Najat dont je découvre chaque jour de nouvelles qualités.
Dans cette fonction, on prend des décisions qui touchent à la carrière et à la vie des autres. Certains parmi vous ont pu être blessés par telle décision, tel refus. Il est des mots qu’on ne prononce pas en public : à ceux-là, j’exprime ici seulement ma repentance et sollicite leur indulgence.
Bruno Sion, s.j.